mercredi 17 octobre 2007

Bernard-Marie Koltès et ...Philip Boulay



Toujours actif Philip Boulay ! Dès les années quatre-vingt-dix, sa première pièce mise en scène fut Dans la solitude des champs de coton au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris. Après avoir fréquenté de nombreux auteurs dont : Tabucchi, Molière, Elsa Solal, Ramon Griffero, Mishima, Musset, Marivaux… Il met en scène Tabataba en 2003. En 2004, il reprend Dans la solitude… au Forum de Blanc Mesnil ainsi qu’à Istanbul ! En 2004 encore, il monte un surprenant Roberto Zucco entièrement joué par une équipe artistique de comédiennes et comédiens congolais.
Dire que Koltès s’intéressait à l’autre, est un lieu commun, puisque son théâtre est Le Théâtre de L’Altérité. Comment, dans ces conditions, le théâtre de Koltès n’aurait-il pas intéressé des Africains ? C’est ce qui se passa, à Kinshasa, entre Congolaise, Congolais, et Français, avec la pièce Roberto Zucco et, comme dans cette ultime pièce, l’auteur, n’avait traité que de l’autre de nous-mêmes, Philip Boulay choisit de dévoiler L’Autre à nous-mêmes. Belle leçon que le public, dans la fascination de cette négritude révélée, aperçut dans un second temps.
Professeur associé à l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique d’Helsinki jusqu’en 2006, il met actuellement en scène à l’Athénée ainsi qu’au Forum de Blanc Mesnil Topdog/Underdog de Suzan-Lori Parks. Ce spectacle devrait visiter la Réunion et les Antilles, car c’est un bien beau projet !



Trouvez des informations concernant son dernier spectacle Topdog/Underdog sur :

http://www.athenee-theatre.com

http://www.theatreonline.com/guide/detail_piece.asp?i_Region=&i_Programmation=18561&i_Genre=&i_Origine=&i_Type=

Retrouvez toutes les pièces de Bernard-Marie Koltès sur théâtre-contemporain.net :

http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Bernard-Marie-Koltes/

Et surtout, (last but not least), le point de vue du scénographe, Jean-Christophe Lanquetin, ainsi que les photos du Roberto Zucco mis en scène par Philip Boulay :

http://www.eternalnetwork.org/jcl/index.php?cat=zucco

mardi 9 octobre 2007

Bernard-Marie Koltès et…Frank Hoffmann




Actuellement, directeur du célèbre Théâtre National du Luxembourg, de Frank Hoffmann nous pourrions dire : théâtre, philosophie, Foucault, Genet, Sartre, Shakespeare, Goethe… mais tout cela semble bien restrictif, tant le parcours du metteur en scène est riche ; nous dirons éclectique. Avec un goût prononcé pour les grands auteurs (Goethe, Shakespeare, Orvath, Bernhard…) et les auteurs français en particuliers (Genet, Sartre, Camus, Koltès…)
Après avoir mis en scène Les bonnes en 1978, Frank Hoffmann obtient un doctorat en philosophie à l’Université de Heidelberg, avec la mention « summa cum laude » que nous traduirons ici par « avec les félicitations du jury » ! D’autant que la thèse se base sur la philosophie de Michel Foucault et se réfère aux œuvres du dramaturge Jean Genet. Puis, il met en scène d’autres auteurs, comme Heiner Müller, Brecht dont il monte Tambours dans la nuit (Trommeln in der Nacht) en 1982, puis Sainte-Jeanne des Abattoirs, en 2001. Il met en scène La cruche cassée de Heinrich von Kleist (mais où ai-je donc fourré mon volume des œuvres complètes de Kleist ?)
En 2002-2003 il met en scène Dans la solitude des champs de coton avec Denis Lavant dans le rôle du Client (le Dealer sera joué par Bernard Ballet).
En 2006-2007 il met en scène Procès Ivre de Bernard Marie-Koltès, un texte écrit en 1971, resté inédit jusqu’en 2001, date de sa parution aux éditions de Minuit). C’est en temps-là, en programmant également Torquato Tasso, de Goethe, qu’il bat ses records d’affluence avec soixante quinze mille entrées !

Consultez la programmation du Théatre National du Luxembourg sur :

http://www.tnl.lu

lundi 8 octobre 2007

Bernard-Marie Koltès et...Jean-Christophe Saïs



Jean-Christophe Saïs, à l’occasion d’un entretien (réalisé le 27 janvier 2006), nous disait son attachement à l’auteur Bernard-Marie Koltès en ces termes : « C’est un grand, un très grand poète. » Il resituait également son propre travail de metteur en scène avec celui de S. Nordey, H. Colas, ou S. Braunschweig, comme appartenant à un groupe d’artistes attachés à la langue des auteurs.
De l’auteur du retour au désert, Jean-Christophe Saïs disait précisément ceci : « Sa grammaire. On travaille vraiment la langue, enfin moi, comme une langue étrangère, sa sonorité, sa grammaire, son rythme…c’est déstructurer le texte de cette manière-là et ensuite la vie entre. »
Au sujet de sa mise en scène de Dans la solitude des champs de coton, plusieurs choses sont intéressantes à rappeler. Initialement, le jeune comédien Mathieu Genet devait interpréter le rôle du Dealer. Mais, engagé à la dernière minute à la Comédie-Française, justement, il dut laisser le rôle. Natalie Royer, qui venait de jouer le rôle du Rouquin dans Sallinger (*) fut invitée à reprendre la rôle. Dans un premier temps, François Koltès s’y opposa mais, finalement, Jean-Christophe obtint les droits ou l’ayant droit ne les lui retira pas, malgré le fait que l’auteur ait clairement indiqué qu’il préférait que ce rôle soit interprété comme il avait été écrit, c’est-à-dire par un homme et par homme Noir. Rappelons ici, pour ceux qui ne s’en souviendraient plus, que le rôle fut pensé et écrit pour Isaach de Bankolé.
Tout récemment, Jean-Christophe Saïs nous informait qu’il allait reprendre Les Troyennes d’Euripide, en arabe, au Liban et, nous l’espérons pour nous, ailleurs dans le monde, en France par exemple ou du moins en Europe.

*les pièces de l’œuvre de Koltès mises en scène par Jean-Christophe Saïs
-Sallinger (1999)
-Quai ouest (2001-2002)
-Dans la solitude des champs de coton (2004)
-Roberto Zucco (ateliers)

Retrouvez les photos du spectacle Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès mis en scène par Jean-Christophe Saïs sur :
http://photosdespectacles.free.fr/sujets/solitude/index.htm


également une liste non-exhaustive de mises en scène de l’auteur sur :
http://www.bellone.be/database/plusauteur.asp?IDfichier=1679758

samedi 6 octobre 2007

Lettre à Madame Muriel Mayette...


Lettre de Bruno Boëglin à Muriel Mayette.
Administratrice Générale de La Comédie-Française

UNE ERREUR DE JEUNESSE

C'est la fin des années soixante-dix, à Lyon. Au théâtre de l'Eldorado que je dirige, le Novothéâtre passe une commande à l’écrivain Bernard-Marie Koltès.
Il s'agit pour lui d'écrire une pièce- SALLINGER- d'après des séries d'improvisations réalisées par des amis communs et extraites de l’œuvre de l'écrivain américain Jérôme-David Salinger.
Bernard Koltès accepte avec plaisir, assiste au travail d'improvisations et se retire à Paris pour écrire.
Quelques mois plus tard la pièce est écrite et mise en répétition.
Bernard ne vient voir que la répétition générale et me convoque immédiatement après dans un bar près du théâtre.
--"Bruno, je t'autorise à faire des coupes dans le texte (j'en avais faites plusieurs dans les monologues), de bouleverser l'ordre des scènes (je ne l'avais pas fait), de changer le lieu des actions (je ne l'avais pas fait), mais je t'interdis d'ajouter un personnage à ma pièce (je l'avais fait), à faire jouer le rôle du Rouquin par une femme (je l'avais fait ) et surtout à ajouter du texte que je n'ai pas écrit (je l'avais fait). Si tu passes outre, j'interdis les représentations et je fais intervenir la police. C'est tout ce que j'ai à te dire. A demain soir".
Le lendemain, la Première avait lieu sans que les interdictions de Bernard soient respectées. Elles ne le furent pas plus pour les représentations qui suivirent. Nous nous sommes réconciliés très vite.
Mais c’était l’époque des colères, des bagarres et de l’amitié.
Enfin, tout rentra dans l'ordre quelques représentations plus tard quand le public et la presse jugèrent le spectacle bon et découvrirent surtout qu'un nouvel auteur de théâtre
d'importance était né.
La suite tout le monde ou presque la connaît. Des chefs-d’œuvre d’écriture et de mises en scène partout dans le monde. La gloire, quoi!
Et puis la disparition soudaine de Bernard en 1989 et la désignation de son frère François comme ayant droit.
Un lourd et splendide héritage à gérer et à faire respecter.
Si je devais aujourd'hui remettre en scène SALLINGER, je m'appliquerais scrupuleusement àrespecter toutes les interdictions de Bernard. Pourquoi?
Pas par peur de François bien sûr mais parce qu'elles étaient merveilleusement justes et qu'elles le sont encore maintenant lorsqu'on lit consciencieusement le texte.
Mais malheureusement, aujourd'hui, on est loin des années cinquante, soixante et soixante-dix où ce genre de dispute se réglait à coup de paires de gifles, de chahuts dans les salles et n'encombrait pas les tribunaux!
Parce que ce qui se passe là, entre François et toi, semble bien tirer le théâtre du coté de l'art marchand et de l'amour idiot des Américains à régler leurs litiges devant la justice.
Et en France, c'est la tout à fait respectable Comédie-Française qui, dix ans plus tard comme toujours, prend exemple sur les Etats-Unis d’Amérique.

Bruno Boëglin, metteur en scène.

Bernard-Marie Koltès et ...Yan Ciret


Dans un article à paraître en novembre prochain dans Le Monde Diplomatique, Yan Ciret questionne le théâtre d’aujoud’hui.

Partant du constat que cet art séculaire peine à « se penser », Yan Ciret dénonce l’incapacité du Théâtre à envisager sa nouvelle place dans une société « mondialisée ». Pour alimenter notre débat, citons quelques lignes de l’article :
« A chaque fois que l’identité nationale s’est reformulée, des dramaturges ont anticipé ce bouleversement, n’omettant jamais d’en montrer les revers, la violence latente. C’est dans cette perspective que Bernard-Marie Koltès formule un impératif absolu. Celui de voir ses pièces jouées, aussi et toujours, par des acteurs venus de la « diversité » ou des « minorités visibles ». »
Or, nous assistons, si nous n’y prenons garde à la disparition de l’Autre dans l’espace public. Ainsi, en 1961, Aziz était-il domestique, en 1988 il fut comédien ; en 2007 à la Comédie-Française, il n’est plus rien. Il est absent ! Yan Ciret se fait fort de nous rappeler que la Comédie-Française n’a pas daigné « lire » les disdascalies internes de la pièce. Rappelons-les : son nom d’Aziz, personnage reconnaissant implicitement qu’il est Algérien, domestique, non, mais sûrement « couillon » ; parlant l’arabe, s’abstenant de trop boire en période de ramadan ; prières musulmanes. Absentes elles aussi de la mise en scène…
Yan Ciret aurait même pu mettre au présent la phrase suivante ; « il montre [parlant de l’auteur] comment l’exclusion, la haine de soit et de l’Autre, ont été une composante de notre identité nationale. »
Dans cet article, l’essayiste, affirme l’idée d’un Koltès forgeant le trouble et le doute, comme on forge un outil de métal incandescent, à partir d’une identité réelle.
Car, poursuit-il, l’idée de l’altérité polarise celle de la Nation.

Enfin, après avoir songé aux racines africaines et maghrébines d’une partie de notre population française, Yan Ciret semble, fort pertinemment, poser la grande, la vraie question de cet invraisemblable imbroglio : « Pourquoi la Comédie-Française n’a-t-elle qu’un nombre infime d’acteurs de ces ascendances ? »
Question restée sans réponse ! Mais dont, aussi incroyable que cela puisse paraître, François Koltès devrait faire les frais ?

vendredi 5 octobre 2007

Bernard-Marie Koltès et...Arthur Nauzyciel


Black Battle With Dogs ! Version américaine de Combat de Nègre et de chiens, est représentée en avril 2001 à Atlanta ; en France, à Avignon, en juillet 2002. Arthur Nauzyciel est sans doute notre metteur en scène le plus international. Son travail enjambe les frontières. N’est-ce pas là le rôle, justement, de l’artiste ? C’est donc actuellement le plus français des metteurs en scène. L’extérieur, c’est ce qui nous rapproche de Bernard-Marie Koltès ! L’autre est son grand sujet ; l’altérité, son domaine d’élection. Puisque le corps de l’étranger est Noir, qu’il s’appelle Le Grand Parachutiste Noir, Alboury, camarade, le Dealer… puisque le domestique de la maison s’appelle Aziz, le patron de bistro Saïfi ou, signe particulier : le Rouquin ! Bernard-Marie Koltès ouvre la voie.
Arthur Nauzyciel parle de cette écriture-là de Koltès dans sa « physicalité ». Formé à la fugue façon Jean-Sébastien Bach, ouvert au reggae de Bob Marley (notamment avec Rat Race pour antienne, pour chanson fétiche), l’auteur écrit de la musique avec son théâtre ! ou l’inverse ! D’où, l’importance phénoménale de la ponctuation chez Koltès, l’éloquence d’un silence, la geste d’un timbre de voix. Voix de Bernard-Marie Koltès, inspiratrice d’un tout nouveau spectacle. C’est pourquoi, nul ne s’étonnera de l’intérêt du metteur en scène pour l’aspect chorégraphique de l’œuvre. Le geste naît du verbe, il s’appuie sur la musique… La quintessence du deuil, c’est l’impossibilité du deuil, comme dans Combat… justement ! Le deuil d’Alboury et les siens. Où est le corps de Nouofia (« conçu dans le désert », en ouolof). Où ? Où ? Même le corps, ils ne l’ont pas respecté ! D’où cette oraison funèbre, ce chant trinquetaillesque, cette ode nécro-politaine…Mais, enfin, la vie, elle, est toujours plus forte ! Arthur Nauzyciel sait nous faire voir ce que nous n’avions pas vu.
En 2004, en septembre 2004, Arthur Nauzyciel monte Roberto Zucco dans une traduction de Martin Crimp.
A Atlanta se joueront, prochainement, d’autres pièces de Bernard-Marie Koltès, sous la houlette ailée d’Arthur Nauzyciel, car la magie du théâtre sait faire de l’instant éphémère un moment d’éternité !

Retrouvez Arthur Nauzyciel sur :

http://www.tribune-orleans.fr/spip.php?article167

mercredi 3 octobre 2007

François Koltès désormais défendu par Maître Roland Rappaport...



Maître Roland Rappaport, plus en forme jamais, prend en main les destinées de « l’Affaire Koltès ». En quelques mots…
Maître Rappaport soutint la lutte des peuples pour leur liberté, contre la guerre d’Indochine, pour la paix et l’indépendance du Vietnam. Il combattit le colonialisme du temps de la guerre d’Algérie, toujours solidaire et « partie prenante de batailles pour le progrès social ». Il participe au Comité de Défense des Libertés autour d’Arthur London (auteur de l’Aveu). Il défend Mathieu Lindon et Paul Otchakovsky dans l’affaire dite « Le procès de Jean-Marie Le Pen », en 1999. Mais revenons au procès Koltès lui-même.
C’est l’auteur, au départ, à vrai dire, qui pâtit de « L’Affaire ». Actuellement, et très provisoirement, c’est Bernard-Marie Koltès qui, dans sa partie de bras de fer avec la Comédie-Française, se heurte à l’une de nos plus (trop) vieilles institutions culturelles. François Koltès, son ayant droit, en tant que personne, fait les frais de ce premier jugement. Et nul ne peut envier sa situation.
Tout est allé si vite, tellement vite, qu’on a oublié de signaler que Le retour au désert existe surtout à cause de cette guerre d’Algérie. La distribution n’a pas trouvé le courage indispensable de mettre en scène des Arabes. Contredisant ainsi la volonté manifeste de l’auteur, pour qui on ne joue pas plus une race qu’un sexe ! Mais il ne s’agit pas de racisme, il s’agit d’admettre l’autre avec sa différence. C’est donc tout le contraire. Et c’est sur cette culpabilité, sur cette absence que s’arc-boute l’accusation faite à l’ayant droit. Il s’agit de lui faire la place, de lui donner toute sa place de lui laisser la parole. Une fois. En quoi est-il différent ? Il parle autrement, il se tient autrement, un peu différemment veux-je dire, il apparaît, mais il parle vraiment arabe. Mon domestique est arabophone, Pourquoi ? Parce que dans la maison Serpenoise des années soixante il y a un interdit qui pèse sur la langue de l’autre. Totalement oublié ça ! Il se distingue de moi ou moi parmi les autres, j’apparais encore autrement. Le théâtre de Koltès ne s’avance pas dans le travestissement. Il le dénonce. A telle enseigne…L’auteur écrit que le personnage s’appelle Aziz, parle arabe, serait musulman, qu’il est de culture méditerranéenne… premier gros et vrai problème posé à la Comédie-Française : il n’y a pas un seul comédien maghrébin dans la troupe. Que faire ? Pas un petit (ni même un grand d’ailleurs) à l’horizon ? ou si, parmi les techniciens, mais il ne jouera pas. Moralité : tant pis, il faut faire jouer ceux qui sont là. Trouver dans la troupe, parmi les comédiens à demeure, un Aziz, un Aziz et un Saïfi. Bilan : rien ne bouge, rien ne change. La chance, qui voulait que Le Retour au désert fut l’occasion d’engager un nouvel artiste, un comédien issu de l’immigration, par exemple, tombe à l’eau. La vieille maison sombre dans l’archaïsme. Elle ne réussit pas à se mettre au goût du jour. Elle campe sur ses vieilles lunes.
Mais il y a plus grave, inévitablement, et qui touche le droit moral de l’auteur, c’est la mise en scène, qui donne le texte du retour au désert, vide de l’interprétation de sa substance. La métaphysique koltésienne, se trouve castrée d’emblée. Coincée dans un dilemme, qui pour être intéressant, n’en est pas moins hors-sujet. La distribution déplace la problématique de la pièce en faisant jouer un sociétaire. Plus grand est l’artiste, plus sincère est son jeu, plus l’interprétation s’éloigne de la quête de l’auteur, Bernard-Marie Koltès, qui demande la confrontation des corps sur la scène. Songeons à ces « Molière ». Raisonnons un instant par l’absurde. Il manque un Molière : celui du comédien incompris. Oui, pourquoi Michel Favory n’a-t-il pas obtenu ce prix ? N’aurait-ce pas été entièrement mérité ? Non, mais ce n’était pas possible, et pour deux raisons : d’une part c’eût été une provocation bien trop lisible, d’autre part c’eût été, par voie de conséquence, l’aveu du propre échec de la mise en scène. Dès lors la poursuite se braque, le projecteur s’attache à deux actrices : Martine Chevallier et Catherine Hiégel. Que se passe-t-il ? On détourne l’auteur pour mieux assommer l’ayant droit ! Mais le théâtre de Koltès est ailleurs.
La quête de Bernard-Marie Koltès est tout intérieure. Elle part de l’extérieur, de l’étranger, alors que la dynamique mise en scène, et en place, par la Comédie-Française, suit le mouvement inverse. (Il eut fallu, avant de mettre en scène, refaire la visite de la mosquée de Pierre Loti). Alors, elle, la Comédie, elle déclare : « Voilà ! nos comédiens vont vous jouer Le retour au désert ». Oui, certes, ils jouent la pièce mot pour mot, mais en réalité, ils la déjouent, la dénouent, en en désamorçant les ressorts dramaturgiques qui eux portent sur la rencontre des corps et le travail des voix.
Toutes les attaques portées contre François Koltès, dès lors, ne visent qu’à tenter de valider ce renversement. J’y vois ainsi l’émergence des expressions « terrorisme à l’envers », « racisme à l’envers ». Comme autant, en fait, de retournements éhontés de la rhétorique koltésienne. Pour quel dessein ? discréditer la remise en cause même de la distribution du Retour au désert. Or, cette revendication, cette contestation de l’ayant droit, elle, n’est rien autre que légitime. Comment déjouer le « complot » ? Nier la validité du contrat, aller rechercher la lettre de 2006 et tenter de faire avaler ces deux couleuvres gluantes et frémissantes : l’une « nous on ne pouvait pas engager un Arabe pour jouer le rôle d’un Arabe. D’ailleurs, on n’en connaît pas ! » L’autre c’est : « charbonnier est maître chez soi ! » Et Bernard-Marie Koltès dans tout ça ? Eh bien, il ne s’y retrouve pas !
Le théâtre de Koltès, les dizaines, les centaines de milliers de lycéens et d’universitaires qui, non seulement en France, mais dans le monde, étudient l’œuvre, savent bien comment et combien la figure de l’étranger, de l’autre, du Noir, du différent, y est déployée, magnifiée. Faudrait-il alors être grand clerc pour savoir lire dans l’œuvre la révolte de Bernard-Marie Koltès ? Elle s’exerce contres les fascistes, contre l’OAS. Il s’agit d’une colère. Elle alimente l’antique tragédie. Elle prend sa légitime vibration dans le corps des êtres qui, pour ce galop d’essai à la Comédie-Française, furent désespérément absents.

(Merci d’adresser vos commentaires aussi nombreux que possibles…)

prochain article, les metteurs en scène de Koltès : Arthur Nauzyciel, Jean-Christophe Saïs…

samedi 15 septembre 2007

chrono (suite)



le chrono de "l'Affaire Koltès" (suite) :





-20 juin 2007 Ier procès : François Koltès est condamné en première instance sur la question de quatre représentations dé-"programmées" au delà des trente prévues par le contrat. Le juge, fait prévaloir la lettre de 2006 et ne tient pas compte du contrat! Il décidera de faire appel.




-Jeudi 21 juin 2007 : article du Monde "Respectez Koltès" signé par les metteurs en scène Philip Boulay, Ivica Buljan (Croatie); Nicolas Klotz; Oskaras Korsunovas (Lituanie); Catherine Marnas; Arthur Nauzyciel; Stanislas Nordey; Thierry de Peretti; Jean-Christophe Saïs; Moïse Touré; Krysztof Warlikowski (Pologne). Mobilisation française donc et internationale en faveur du théâtre de Bernard-Marie Koltès et de son ayant droit. Notamment : "Un tel acharnement basé sur la rumeur, n'est pas acceptable".





-26 juin 2007 article de Bruno Tackels affirmant que Koltès est bafoué par la mise en scène de Muriel Mayette. Le message politique du Retour au désert a été amputé (à des fins tragi-comiques) sur http://www.mouvement.net/html/fiche.php?doc_to_load=12129





-27 juin 2007 article de François Koltès sur Mouvement.fr : "cette oeuvre n'est pas consensuelle, elle n'est pas intellectuelle, c'est une oeuvre populaire."


sur http://www.mouvement.net/html/fiche.php?doc_to_load=12130





-lundi 16 juillet 2007 François Koltès annonce qu'il envisage de vendre la manuscrit autographe de "Roberto Zucco" pour pallier les 50 000€ de frais qu'aura occasionné le procès intenté par la Comédie-Française. Deux universités américaines seraient intéressées ainsi que l'IMEC.





-6 août 2007 article sur bellaciao.fr: "l'homme joue l'homme, le rôle de l'enfant va à un enfant, le blanc ne sera représenté que par un blanc...

-août 2007 François Koltès fait appel du 1er jugement. Notamment la Comédie-Française a reconnu en audience publique avoir fait appel à un "coach" pour la prononciation des parties de texte en arabe...



http://bellaciao.org/fr/imprimer.php?id_article=1354&recalcul=oui








-12 septembre 2007 La Comédie-Française est condamnée...(voir ci-dessous)





-édition du 12/09/2007 La Comédie-Française a perdu mercredi le procès en diffamation...


http://www.20minutes.fr/article/180460/Culture-Le-noeud-du-proces-entreKoltes-et-l





-14 septembre 2007 éditions du Monde et de Libération mentionnant le jugement du 12.

vendredi 14 septembre 2007

La Comédie-Française condamnée...

Vendredi 14 septembre 2007. Différents journaux et notamment Libération et Le Monde mentionnent la condamnation à 5000€ de la Comédie-Française, car le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris, dans son arrêt rendu le 12 septembre 2007, a estimé que "les prises de position péremptoires de l'administratrice de la Comédie-Française (...) peuvent expliquer la vivacité du ton du défendeur qui se trouvait ainsi mis en cause" (François Koltès) en l'occurrence.

Le Monde titre d'ailleurs "La Comédie-Française déboutée".



C'est une victoire pour Bernard-Marie Koltès, pour l'oeuvre, et pour l'ayant droit, car les accusations portées par le Théâtre Français, accusations en diffamation, ne faisaient qu'ajouter à l'entêtement de professionnels ayant peut-être tout simplement oublié de lire l'oeuvre, ou feignant de ne pas en vouloir comprendre le sens.

Un quotidien déclare de façon erronnée que l'ayant droit aurait "exigé l'arrêt des représentations de Retour au désert", tel ne fut pas le cas, mais le théâtre fut prévenu que le contrat de trente représentations ne serait pas reconduit, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

samedi 23 juin 2007

Parler dans le désert! Voilà la vraie question !


L'article de Mathilde Labardonnie paru dans Libération du 23 juin 2007 rétablit quelque peu les faits concernant "l'Affaire Koltès".

Tous les amis de Koltès espèrent qu'enfin la vérité sera faite sur la grande question posée par sa pièce Le retour au désert. Patrice Chéreau y avait répondu en engageant deux comédiens algériens. Jacques Nichet également. Quant à Thierry de Péretti, c'est bien parce que les deux comédiens marocains prévus à la distribution lui avaient fait faux bond, qu'en définitive, le rôle d'Aziz fut interprété par un comédien corse.

Revenons sur l'article de Mathilde Labardonnie.

"Les juges passent outre le désir de l'auteur (...)" écrit-elle. Le désir de l'auteur, cela a été dit, si ses volontés n'étaient pas respectées, il préférait carrément qu'on ne joue pas la pièce. Il semble que le sens des expériences de Hambourg n'ait pas été compris. Si l'auteur ne souhaitait pas que des comédiens allemands ridiculisent sa pièce en portant des turbans c'est parce que, faute de comédiens algériens en Allemagne, les minorités présentes chez notre voisin auraient du investir le plateau : Turcs ou Pakistanais...

L'article parle de "l'incassable" Comédie-Française, mais à force de se raidir, de s'ossifier, il n'est rien qui ne se brise un jour. Mathilde Labardonnie pose alors deux bonnes questions :

"Pourquoi Muriel Mayette a-t-elle passé outre la volonté du poète?" C'est vrai que cette question, il est légitime de se la poser. Cet aspect essentiel n'a pas été compris par la metteur en scène. En décembre 2006, elle avait encore largement la possiblité de suivre les recommandations de François Koltès, qui reste d'ailleurs, quoi qu'on en pense, l'un des plus grands connaisseurs de l'oeuvre de son frère. Deuxième question : "Pourquoi a-t-elle laissé entendre que François Koltès avait été associé à la mise en scène [conseiller dramaturgique, ou conseiller littéraire"] alors qu'il n'a assisté, en tout et pourtout, qu'à une seule lecture partielle, à la table, de la pièce? Lecture au cours de laquelle les répliques en arabe n'ont pas été prononcées (le "coach" d'arabe n'étant pas encore entré en fonction!)?

En réalité, il faut se rappeler que le projet de faire entrer Le retour au désert au répertoire de la Comédie-Française fut initié par Marcel Bozonnet dès 2001 (voir notre chronologie), et qu'il fut un temps envisagé de confier (c'était avant le détournement du Roberto Zucco) à Didier Bezace ou Philippe Calvario d'une part; à Arthur Nauzyciel ou Eric Vigner d'autre part.

Pourquoi , sachant que dans la contractualisation d'une mise en scène de l'oeuvre de Koltès les "clauses" Koltès" sont essentielles, c'est la lettre d'accord, largement incomplète, qui a primé sur le contrat? On ne se l'explique pas.

Autre question, et Mathilde Labardonnie la suggère :"Pourquoi il n'aurait pas été possible d'engager un pensionnaire arabe dans la maison de Molière?" Y aurait-il un tabou ? Voilà la vraie question. Pourqui était-ce si difficile, voire impossible au Français? Puisque l'auteur le souhaitait ardemment, puisque l'ayant droit le demandait, le réclamait à corps et à cri?

Question de parler dans le désert?

vendredi 22 juin 2007

Aziz parle-t-il arabe?


Nous avons relevé quelque incohérence entre les deux procès qui ont opposé l'ayant droit de l'oeuvre de Bernard-Marie Koltès, à savoir François Koltès, et la Comédie-Française.

Dans son jugement du 20 juin 2007 le tribunal siégeant le 29 mai 2007 (3ème chambre civile), rendait son verdict. Yoshino écrit :"Le tribunal de Grande Instance a retenu que le comédien retenu parlait parfaitement l'arabe et était donc apte à parfaitement dire les répliques dans cette langue." (http ://yoshino.wordpress.com/) et d'autre part l'échange devant le tribunal de la XVIIème chambre correctionnelle a établi qu'aucune lecture des répliques en arabe n'a eu lieu devant François Koltès; pour la bonne raison que le travail avec "le coach"devant assister les comédiens ayant des répliques en arabes (pour les rôles d'Aziz, de Saïfi et de Mathilde) n'était pas encore nommé ou entré en fonction, déclara Michel Favory sous serment. Si bien que cet aveu vient récuser les déclarations faites précédemment.

Michel Favory parle-t-il couramment arabe? Auquel cas à quoi pouvait bien servir ce "coach"?
En fait il apparaît que ce sur quoi se fonde le jugement obligeant François Koltès a indemniser la Comédie-Française n'est pas fiable. Dès lors l'exercice de son droit moral par François Koltès semble plus que jamais justifié. Michel Favory apparaîtrait dans l'incapacité de tenir une conversation en arabe...

jeudi 21 juin 2007

Réagir !


Réagissez. Faîtes connaître ce blog. Lisez l'auteur surtout. Halte à la paresse intellectuelle!Creusez-vous la cervelle pour résoudre ce qui apparaît aux yeux de certains comme le casse-tête chinois du siècle :


"On ne "joue" pas plus une race qu'un sexe" (Bernard-Marie Koltès. Lettre du 18 décembre 1983)


Nous attendons vos propres commentaires, et apportez votre eau au moulin !

Si vous n'êtes pas d'accord dîtes-le!
Merci!

soutenons Oskaras Korsurovas

Suite à la simple signature par Oskaras Korsurovas de l'article de soutien des "Onze" à François Koltès (article du Monde du jeudi 21 juin 2007) intitulé "Respectez Koltès", le metteur en scène lituanien commencerait à rencontrer certaines difficultés. En effet, ce jeune metteur en scène (38 ans), doit bientôt mettre en scène La Mégère Apprivoisée de William Shakespeare à la Comédie-Française. Cependant nous apprenons qu'il rencontrerait des problèmes techniques, subitement, le jour même où paraît l'article de soutien ci-dessus mentionné. Etrange non?
Nouvelle forme de censure? Méthode d'un autre âge? Intimidations en direction d'un artiste particulièrement talentueux? Il est vrai qu'il a beaucoup à nous apporter. En comparaison de Monsieur Podalydès qui s'étalait dans la presse pour dire que le théâtre est "convention", pour tenter de jouer l' "Anti-Koltès" de service, quand il écrivait qu'un acteur je cite : "Un vieil homme peut jouer un enfant, une femme un homme, un homme une femme, un Blanc un Noir, un Noir un Blanc". Monsieur Poldalydès sait bien qu'il parle du vieux théâtre idéaliste des années cinquante; pas du théâtre d'aujourd'hui, pas du théâtre de Bernard-Marie Koltès, Faisant mine de ne l'avoir jamais lu! Ce qui pouvait passer pour de la subversion, ces retournements, ne l'est plus dans le théâtre de Koltès. Si Bernard-Marie Koltès souhaite voir représenter l'âge, le sexe, la couleur, l'origine du personnage sur le plateau, c'est pour entendre la langue, montrer le corps, accéder au sens, à cette tentative du théâtre de Koltès : le combat de la fraternité pour la Fraternité, pour la reconnaissance de l'altérité. Ce multirécidiviste de la moliérisation à outrance qu'est Monsieur Podalydès nous enfarine. Il nous entarte avec son éloquence de boulevard. Ecoutons un artiste, Oskaras Korsunovasz: "Oui, je suis un type scandaleux! Sérieusement, pour moi, l'art n'a rien à voir avec les conventions." (http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=646&PHPSESSID=c9090e1 ) C'est toute la différence entre un créateur, un artiste étranger, un novateur, et un plumitif de complaisance!

Après "Respectez Koltès"...


L'article "Respectez" Koltès" du jeudi 21 juin 2007, paru dans Le Monde, marque aussi un tournant dans la défense de François Koltès.

C'est tout à l'honneur de ces principaux metteurs en scène de l'oeuvre de Koltès de se ranger derrière l'auteur pour défendre son oeuvre et soutenir François Koltès, l'ayant droit, face à la campagne de dénigrement qui le frappe.

Il s'agit de :

Philip Boulay( France), Ivica Buljan (Croatie), Nicolas Klotz (France), Oskaras Korsunovas (Lituanie), Catherine Marnas (France), Arthur Nauzyciel (France), Stanislas Nordey (France), Thierry de Péretti (France), Jean-Christophe Saïs (France), Moïse Touré (Kenya), Krzyztof Warlinovski (Pologne). Réaction internationale de soutien donc, face à cette attaque visant François Koltès, dans laquelle les artistes français prennent enfin leur part!

Car ces onze metteurs en scène ont, pour le moins le courage, eux, de se manifester. Aucun auteur vivant n'a réellement protesté. L'auteur de théâtre contemporain semble tétanisé. Parmi ceux-là qui possèdent une "signature", il en est qui rêvent peut-être d'entrer un jour au Français. Ils n'actionnent pas même la pédale douce. Quant aux autres, les auteurs anonymes, ils voudraient faire connaître leur point de vue autrement qu'en se précipitant dans une polémique qui les dépasse, puisqu'elle frappe leur devancier le plus audacieux : Bernard-Marie Koltès. Ils resteront donc anonymes. Le théâtre est vivant, il le montre car, dès qu'on tente de museler, de faire taire la voix de l'auteur, c'est qu'elle a commencé de s'élever, de déranger, que le désert n'est plus tout à fait ce lieu inhabité avec l'image qu'on veut nous imposer.

Revenons un instant sur l'article du Monde des "Onze":

"Cette exigence [d'avoir un Algérien sur le plateau] avait un sens! L'étranger, le fantasme qu'il véhicule, peur ou désir, le besoin de s'échapper, la rencontre brutale des cultures, sont le ciment de tout son théâtre."

Nous, nous, dirions que ce personnage "débarquant" sur la scène avec sa langue maternelle, la maladresse de sa langue, de ses yeux, de son corps, est précisément, par ce trouble, la quête du Beau chez Koltès!

De plus, ces accusations visant Bernard-Marie Koltès, l'auteur, et François Koltès, son ayant droit, son frère, sont stupéfiantes! Alors que cet auteur s'est battu corps et âmes pour faire une place au droit à la parole, à l'existence de l'étranger, à la reconnaisance de l'altérité du Noir, de l'Arabe, en désirant sa présence physique sur le plateau, par le biais de l'écriture des différents rôles, cette particularité-là, est niée. La reconnaissance de cette "identité" de l'oeuvre de son frère, François Koltès, se bat avec toute son énergie pour que cette idée, pour que cette générosité-là de l'oeuvre, puissent être valablement mises en scène. Elles constituent l'authenticité et la légitimité du théâtre de Koltès. Le voici donc, cet ayant droit valeureux, accusé, lui, et son frère, de "racisme" ou de "racisme à l'envers"! Cette expression stupide, dénuée de sens, sans fondement aucun, n'est en fait qu'un subterfuge, un effet stylistique visant uniquement à piétiner les volontés de l'auteur, à essayer, semble-t-il, de tenter de faire "fermer son caquet" à l'ayant droit. François Koltès est aussi, dans la foulée, accusé de "terrorisme à l'envers". Mais qu'est-ce que c'est que ces expressions d'épicier! Comme s'il y avait un verso au racisme, au terrorisme? De quoi parle-t-on? Le droit de l'auteur n'était rien, il est devenu, avec le droit moral de l'auteur, quelque chose, pour peu qu'on ne le foule pas au pied. Il ne s'agit nullement ici d'une histoire de fidélité ou de trahison. Il s'agit de dire tout simplement que le théâtre de Bernard-marie Koltès est un théâtre de combat et ceux qui ne mènent pas cette bataille-là devraient avoir l'honnêteté intellectuelle de laisser l'oeuvre de Koltès à des metteurs en scène intempestifs.

l'article "Respectez Koltès"

du Jeudi 21 juin 2007 paru dans Le Monde.

C'est tout à leur honneur, ces prinicpaux metteurs en scène de l'oeuvre de Bernard-Marie Koltès, de se ranger enfin derrière l'auteur pour défendre son oeuvre et soutenir François Koltès, son ayant droit, dans sa riposte à la campagne de dénigrement qui le frappe.

Il s'agit de Philip Boulay, d'Ivica Buljan (Croatie), de Nicolas Klotz, d'Oskar Korsunovas (Lituanie), de Catherine Marnas, d'Arthur Nauzyciel, de Stanislas Nordey, Thierry de Péretti, Jean-Christophe Saïs, Moïse Touré et de Krzysztof Warlikowski (Pologne). On le voit il s'agit maintenant d'un soutien international. C'est un signe.

Ces onze metteurs en scène, ces onze artistes ont, eux, pour le moins, ce courage de prendre partie, chose qu'aucun auteur vivant, en France, n'a jusqu'à présent manifesté ! Où sont les quatre cent signatures d'auteurs pour la défense d'une certaine mise en scène ?

lundi 18 juin 2007

Respect de la volonté de Bernard-Marie Koltès !

On ne baîllonne pas un auteur!

Georges Lavaudant intitulait son article "Respectons la volonté de Koltès". Nous citons ici quelques extraits de l'intervention du metteur en scène Georges Lavaudant publiée dans Le Monde du 3 juin 2007.

"Koltès voulait que dans chacune de ses pièces un Noir ou un Arabe soit présent sur le plateau.
Cette volonté, chez lui, est tout à la foi politique, amoureuse, ontologique, esthétique. (...)
des anecdotes et des incohérences qui alimentent la polémique. (...) J'irai plus loin : je pense que Koltès préférait un mauvais acteur noir ou arabe à un bon acteur blanc. (...) Il y a quelque chose de plus central, de plus décisif, comme un désir de voir un théâtre qui ne se joue pas uniquement entre Blancs policés devant d'autres Blancs policés. (...)
Koltès souhaitait introduire quelque changement sur les plateaux de théâtre. Dont le principal est cette couleur de peau (...)
Après avoir souligné la "faute" du metteur en scène , Georges Lavaudant conclue son article en déclarant que "dans les temps où nous vivons et où nous aurons à vivre, il n'est pas certain qu'altérer ou détourner au nom de la liberté artistique son message courageux représente une solution d'avenir - ni politique ni artistique .
Georges Lavaudant a raison face à ce metteur en scène qui a essayé de museler Koltès en le détournant, en profitant de sa notoriété. On ne baîllonne pas un auteur!

dimanche 10 juin 2007

CHRONOLOGIE


Voici le chrono de l'affaire dite "L'Affaire Koltès". En réalité l'incapacité de la Comédie-Française d'engager un comédien pour jouer le rôle d'Aziz, tel que Bernard-Marie Koltès, l'auteur de la pièce Le retour au désert le souhaitait.



2001 : A peine nommé au poste d'Administrateur général de la Comédie-Française, Marcel Bozonnet suggère de faire entrer la pièce de Bernard-Marie Koltès Le retour au désert au répertoire.


2002 : rien!


2003 : rien!


2004 : "Affaire Calvario". Philippe Calvario pense qu'il peut "réécrire" la scène du Métro (VI) dans la pièce de Koltès Roberto Zucco ! Tout au moins commencer par écrire un monologue pour le personnage principal, sans plus! Les droits de mise en scène ne seront pas reconduits.


2004 : "Affaire Saïs". Jean-Christophe Saïs fait jouer le rôle du Dealer, écrit pour un homme Noir, par une femme, la comédienne Natalie Royer. François Koltès proteste, mais laisse faire, cette fois.


2004 : hiver/printemps 2005. La Comédie-Française se rapproche de l'ayant droit, François Koltès.


2006 : février; "Affaire Handke", Muriel Mayette, comédienne, sociétaire, obtient l'accord de monter, en tant que metteur en scène, Le retour au désert. Accord de principe de François Koltès.


2006 : Accord de principe également établi pour permettre à Imer Kutlovci de jouer le rôle de Saïfi. La Comédie-Française fait valoir auprès de l'ayant droit que cet emploi permettra à ce comédien d'origine kosovar d'obtenir des papiers, alors qu'il est, en réalité, marié à une française depuis près de trois ans et donc parfaitement en règle avec la loi.


2006 : les 19, 20 juin de 14h30 à 17h30, et le 21 juin de 14h30 à 15h00 François Koltès assiste à une lecture de la pièce. Mais la distribution, n'est pas achevée. Son film "Comme une étoile filante", sur la vie de l'auteur, est projeté aux comédiens.


2006 : le 10 décembre François Koltès apprend, par hasard, que le rôle d'Aziz est tenu par un comédien de la troupe, Michel Favory, et non par un comédien Algérien comme le souhaitait l'auteur.


2006 : le 11 décembre, le contrat n'étant toujours pas signé. Chose tout à fait extraordinaire, la Comédie-Française est le seul théâtre de France à signer directement ses contrats avec les auteurs (quand ils sont vivants). Sans passer par la SACD, vieil usage non réglementé, donc se présentant apparemment sans fondement légal.


Le 12 décembre 2006, Muriel Mayette refuse de recevoir François Koltès.


La SACD envoie un mail à la Comédie-Française dans le sens de la demande de l'ayant droit.


du 13 au 18 décembre 2006 l'ayant droit est à l'étranger. il fait savoir qu'il est à Budapest.



le 18 décembre au soir, il trouve un courrrier :


1. un nouveau contrat de la Comédie-Française, posté le 15 décembre, et non pas de la SACD qui freine des quatre fers, toujours daté du 13 février 2006, sans les "clauses Koltès" ( à savoir respecter la couleur, le sexe et l'âge, etc. des personnages).


2. Un contrat daté du 13 décembre, posté le 14 pour sa participation de juin qui se transforme en engagement en qualité de "conseiller littéraire" pour la période du 2 au 6 janvier 2007, pour les répétitions qui commenceront le 5 décembre 2006, puis le 6 janvier sur le plateau. Le tout pour un salaire de 1200 euros. Ce contrat est accompagné d'une demande de renvoi d'urgence du contrat signé pour effectuer le paiement.


Le 19 décembre François Koltès appelle la Comédie-Française. Il demande pourquoi le rôle d'Aziz est joué par un comédien français, qui ne parle pas couramment l'arabe.


La Comédie-Française prétexte que François Koltès est "conseiller littéraire"

qu'elle ignore les "clauses Koltès",

que François Koltès a assisté à deux lectures,

qu'il a vu les comédiens,

qu'il a donné son accord pour le rôle de Saïfi et qu'elle ne comprend pas pourquoi un comédien français ne pourrait pas jouer Aziz, le rôle d'un Arabe, Algérien !

En fait la Comédie-Française peut toujours arguer qu'elle n'a pas connaissance des "clauses Koltès" (qui ne sont en réalité et tout simplement que la substance du respect de l'auteur, du respect de l'oeuvre), puisqu'elle a traîné les pieds à signer le contrat. Ce dernier ne sera signé que le 23 janvier 2007!


samedi 9 juin 2007

François Koltès mis à mal par la Comédie-Française

Le 29 mai 2007 à 14h00, la Comédie-Française , vieille institution tricentenaire du théâtre français, assignait François Koltès, ayant droit de l'oeuvre de l'auteur Bernard-Marie Koltès en justice. Devant la troisième chambre civile du Tribunal de Paris, La Comédie-Française reprochait à François Koltès d'avoir commis un abus du droit de non-exploitation et de son droit moral de l'auteur en refusant de renouveler le contrat de 30 représentations qui les liaient.

Le motif de ce premier procès étant pour la Comédie-Française, d'essayer d'obtenir une jurisprudence pour balayer la parole de l'ayant droit. En réalité les volontés de l'auteur et dramaturge Bernard-Marie Koltès étaient très claires, très précises. Il s'agissait pour lui de faire jouer sur scène Noirs et Arabes. Non seulement l'auteur écrivit des rôles, créa des personnages Noirs, Arabes, figures de l'étranger dans son théâtre, mais il manifesta à plusieurs reprises sa volonté de voir des personnages joués par des comédiens Africains, Arabes, originaires du Maghreb et dont la langue maternelle est autre que le français. Question d'esthétique pour Koltès. En particulier dans la pièce Le retour au désert, la présence d'un Noir (le Grand Parachutiste Noir) et de deux personnages Arabes. C'est notamment le rôle d'Aziz, domestique de la famille Serpenoise, qui allait poser problème. La Comédie-Française refusa d'engager un comédien Algérien pour jouer le rôle d'Aziz.

Or Koltès a dit, écrit, et c'est la force de son théâtre :"On ne "joue" pas plus une race qu'un sexe".

Non contente de refuser de mettre en oeuvre ces indications de l'auteur, rappelées par son frère, François Koltès, la Comédie-Française allait engager un deuxième procès contre l'ayant droit car il avait "osé" s'expliquer dans la presse, comme c'est son droit le plus strict. Il était, à la suite de propos de la Comédie-Française l'accusant de "racisme" et de "terrorisme à l'envers", phrases complètement dénuées de sens, accusé de "diffamation".

Nous , citoyens, spectateurs, admirateurs de l'oeuvre de Bernard-Marie Koltès, sachant l'attachement de François Koltès à la défense de cet auteur, nous entendons apporter ici quelques éléments en vue de rétablir quelque peu la vérité et dire combien nous trouvons anormal qu'une institution théâtrale, censée s'occuper d'engager des comédiens et de promouvoir les auteurs, s'acharnait fort (trop) injustement sur le frère de l'auteur, chose qui la déshonore, dessert le théâtre, et empêche la lecture de l'oeuvre. Nous proposons donc une chronologie de cette affaire dans le but de parer la campagne de dénigrement systématique en cours en direction d'un ayant droit : François Koltès.