jeudi 21 juin 2007

Après "Respectez Koltès"...


L'article "Respectez" Koltès" du jeudi 21 juin 2007, paru dans Le Monde, marque aussi un tournant dans la défense de François Koltès.

C'est tout à l'honneur de ces principaux metteurs en scène de l'oeuvre de Koltès de se ranger derrière l'auteur pour défendre son oeuvre et soutenir François Koltès, l'ayant droit, face à la campagne de dénigrement qui le frappe.

Il s'agit de :

Philip Boulay( France), Ivica Buljan (Croatie), Nicolas Klotz (France), Oskaras Korsunovas (Lituanie), Catherine Marnas (France), Arthur Nauzyciel (France), Stanislas Nordey (France), Thierry de Péretti (France), Jean-Christophe Saïs (France), Moïse Touré (Kenya), Krzyztof Warlinovski (Pologne). Réaction internationale de soutien donc, face à cette attaque visant François Koltès, dans laquelle les artistes français prennent enfin leur part!

Car ces onze metteurs en scène ont, pour le moins le courage, eux, de se manifester. Aucun auteur vivant n'a réellement protesté. L'auteur de théâtre contemporain semble tétanisé. Parmi ceux-là qui possèdent une "signature", il en est qui rêvent peut-être d'entrer un jour au Français. Ils n'actionnent pas même la pédale douce. Quant aux autres, les auteurs anonymes, ils voudraient faire connaître leur point de vue autrement qu'en se précipitant dans une polémique qui les dépasse, puisqu'elle frappe leur devancier le plus audacieux : Bernard-Marie Koltès. Ils resteront donc anonymes. Le théâtre est vivant, il le montre car, dès qu'on tente de museler, de faire taire la voix de l'auteur, c'est qu'elle a commencé de s'élever, de déranger, que le désert n'est plus tout à fait ce lieu inhabité avec l'image qu'on veut nous imposer.

Revenons un instant sur l'article du Monde des "Onze":

"Cette exigence [d'avoir un Algérien sur le plateau] avait un sens! L'étranger, le fantasme qu'il véhicule, peur ou désir, le besoin de s'échapper, la rencontre brutale des cultures, sont le ciment de tout son théâtre."

Nous, nous, dirions que ce personnage "débarquant" sur la scène avec sa langue maternelle, la maladresse de sa langue, de ses yeux, de son corps, est précisément, par ce trouble, la quête du Beau chez Koltès!

De plus, ces accusations visant Bernard-Marie Koltès, l'auteur, et François Koltès, son ayant droit, son frère, sont stupéfiantes! Alors que cet auteur s'est battu corps et âmes pour faire une place au droit à la parole, à l'existence de l'étranger, à la reconnaisance de l'altérité du Noir, de l'Arabe, en désirant sa présence physique sur le plateau, par le biais de l'écriture des différents rôles, cette particularité-là, est niée. La reconnaissance de cette "identité" de l'oeuvre de son frère, François Koltès, se bat avec toute son énergie pour que cette idée, pour que cette générosité-là de l'oeuvre, puissent être valablement mises en scène. Elles constituent l'authenticité et la légitimité du théâtre de Koltès. Le voici donc, cet ayant droit valeureux, accusé, lui, et son frère, de "racisme" ou de "racisme à l'envers"! Cette expression stupide, dénuée de sens, sans fondement aucun, n'est en fait qu'un subterfuge, un effet stylistique visant uniquement à piétiner les volontés de l'auteur, à essayer, semble-t-il, de tenter de faire "fermer son caquet" à l'ayant droit. François Koltès est aussi, dans la foulée, accusé de "terrorisme à l'envers". Mais qu'est-ce que c'est que ces expressions d'épicier! Comme s'il y avait un verso au racisme, au terrorisme? De quoi parle-t-on? Le droit de l'auteur n'était rien, il est devenu, avec le droit moral de l'auteur, quelque chose, pour peu qu'on ne le foule pas au pied. Il ne s'agit nullement ici d'une histoire de fidélité ou de trahison. Il s'agit de dire tout simplement que le théâtre de Bernard-marie Koltès est un théâtre de combat et ceux qui ne mènent pas cette bataille-là devraient avoir l'honnêteté intellectuelle de laisser l'oeuvre de Koltès à des metteurs en scène intempestifs.

Aucun commentaire: