samedi 6 octobre 2007

Bernard-Marie Koltès et ...Yan Ciret


Dans un article à paraître en novembre prochain dans Le Monde Diplomatique, Yan Ciret questionne le théâtre d’aujoud’hui.

Partant du constat que cet art séculaire peine à « se penser », Yan Ciret dénonce l’incapacité du Théâtre à envisager sa nouvelle place dans une société « mondialisée ». Pour alimenter notre débat, citons quelques lignes de l’article :
« A chaque fois que l’identité nationale s’est reformulée, des dramaturges ont anticipé ce bouleversement, n’omettant jamais d’en montrer les revers, la violence latente. C’est dans cette perspective que Bernard-Marie Koltès formule un impératif absolu. Celui de voir ses pièces jouées, aussi et toujours, par des acteurs venus de la « diversité » ou des « minorités visibles ». »
Or, nous assistons, si nous n’y prenons garde à la disparition de l’Autre dans l’espace public. Ainsi, en 1961, Aziz était-il domestique, en 1988 il fut comédien ; en 2007 à la Comédie-Française, il n’est plus rien. Il est absent ! Yan Ciret se fait fort de nous rappeler que la Comédie-Française n’a pas daigné « lire » les disdascalies internes de la pièce. Rappelons-les : son nom d’Aziz, personnage reconnaissant implicitement qu’il est Algérien, domestique, non, mais sûrement « couillon » ; parlant l’arabe, s’abstenant de trop boire en période de ramadan ; prières musulmanes. Absentes elles aussi de la mise en scène…
Yan Ciret aurait même pu mettre au présent la phrase suivante ; « il montre [parlant de l’auteur] comment l’exclusion, la haine de soit et de l’Autre, ont été une composante de notre identité nationale. »
Dans cet article, l’essayiste, affirme l’idée d’un Koltès forgeant le trouble et le doute, comme on forge un outil de métal incandescent, à partir d’une identité réelle.
Car, poursuit-il, l’idée de l’altérité polarise celle de la Nation.

Enfin, après avoir songé aux racines africaines et maghrébines d’une partie de notre population française, Yan Ciret semble, fort pertinemment, poser la grande, la vraie question de cet invraisemblable imbroglio : « Pourquoi la Comédie-Française n’a-t-elle qu’un nombre infime d’acteurs de ces ascendances ? »
Question restée sans réponse ! Mais dont, aussi incroyable que cela puisse paraître, François Koltès devrait faire les frais ?

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